Quand les artistes sont pillés par les publicitaires

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Créatives, les agences de pub ? Plagieuses, plutôt. Qu’on en juge par cette campagne de pub d’un célèbre fournisseur de gaz naturel (à gauche – visuels Beaux-Arts Magazine) où des individus sont photographiés dans des positions défiant les lois de la gravité… En découvrant ces images, Philippe Ramette est devenu vert de rage. Car ces postures légères et improbables sont, depuis des décennies, la marque de fabrique de cet artiste réputé. Ainsi ce cliché montrant un homme adossé à un tronc, les pieds dans le vide, ressemble à s’y méprendre à celle de Ramette montrant un homme grimpant à l’horizontale (à droite). Sauf que Ramette, contrairement aux pubards, n’a pas utilisé Photoshop mais un périlleux système technique lui permettant de tenir réellement cette pose. Pour réaliser cette performance, l’artiste a fait appel à un complexe et périlleux système technique qu’il baptise « prothèse à attitudes ». Après enquête sur cette campagne qui de toute évidence est un plagiat, il apparaît que l’agence de publicité avait contacté la galerie Xippas à Paris pour en savoir plus sur son travail. L’agence ne s’est sans doute pas embarrassé de créer des « prothèses à attitudes » mais de rentabiliser leur achat de logiciel Photoshop. Philippe Ramette et la galerie Xippas ont assigné en référé les auteurs de ces images mais le jugement ne leur a pas été favorable. Pourtant en mars 2007, John Galliano, le très emblématique styliste de la marque Dior, avait été condamné en référé à 150 000 € au titre des dommages aux droits patrimoniaux et 50 000 € au titre du droit moral pour contrefaçon de l’œuvre de l’Américain William Klein dans les campagnes publicitaires de sa marque Galliano S.A qui reprenait l’idée des « planches contacts » du photographe.

5 Commentaires

  1. Si la publicité était créative, ça se saurait… La recette des agences, c’est de copier – non pardon de se servir comme « référence » – les travaux des artistes, qu’ils soient photographes, réalisateurs, musiciens…
    La publicité, c’est du marketing, de la transformation d’oeuvres à des fins commerciales, mais certainement pas de la création…
    J

  2. ‘Soir
    Que Philippe Ramette ne s’énerve pas trop non plus. Lui aussi, il pille allègrement. Un personnage en costume, en plein air, dans des poses surréalistes ? Ca ne vous rappelle rien ? Moi si, la peinture du belge René Magritte, ni plus ni moins. Est-ce que les ayants-droit de Magritte ont attaqué Philippe Ramette pour son travail à haute inspiration magrittienne ? Je ne pense pas. Ce n’est pas du pillage d’ailleurs, c’est plus un jeu d’influences, de confluences et de congruences. C’est bien connu, rien ne naît de rien. Rien ne se crée aussi en quelque sorte, tout se transforme (Lavoisier).
    OK, les pubards, plutôt crevards au niveau idées, ont pas mal pompé sur le travail (de qualité d’ailleurs de Ramette, j’ai été à Chamarande et son expo était vraiment… de haute volée !), pour autant, celui-ci n’est pas en reste pour lorgner du côté romantique de Caspar David Friedrich (l’homme ténébreux face au sublime de la nature) et du côté surréaliste de Magritte. La boucle est-elle bouclée ?
    Eh oui, à part ça, ce n’est pas nouveau. Séguéla n’est rien à côté d’un Picasso ou d’un Magritte. C’est un pique-assiette, en aucun cas Picasso, voire un Picassien. Les pubards sont des créatifs quand ils sont bons, tout au moins, c’est à dire rarement, et ils ne sont jamais des créateurs. Ils se rêvent artistes mais ce sont des boutiquiers, des marchands de rêves à deux balles, des commerçants détournant l’expression artistique au profit de sa rentabilité financière. Tout autre, my men, sont les artistes qui parodient ou reprennent les codes du langage publicitaire à des fins mi-artistiques mi-commerciales au centuple, comme un Warhol par exemple. Andy est grand, Keith Haring aussi, pendant qu’un Séguéla est un artisan en culottes courtes à côté. Qu’il vende ses Pampers et qu’il arrête de penser qu’il nous sort tous les jours des ‘Joconde’, des Belles Jardinières, des ‘Tintin’, des montres molles, des oreilles coupées bandées ou des nymphéas. Arrêtons le nivellement par le bas.

  3. enfin merde c’est quoi ces foutaises ! donc pour une pauvre pub peut etre inspirer par un stagiaire qui a fait quelque recherche, on vient nous faire un débalage sur la pub est l’art .?
    demain c’est quoi une note de Beethoven chez un autre artiste
    EHHH HOOOOOOOOOOOOO a quoi sert l’art ? a ….. INSPIRER enfin pour moi
    Donc quel est le probleme ….. l’argent, bien évidement encore et toujours !
    On nous colle un artiste qui se « trouve » victime de la pub alors qu’en fait il n’a fait que son job, inspirer !! Sauf qu’il n’irait jamais faire un scandale dans une classe de CM2 ou on ferait un cours pratique de surréalisme !
    Bien entendu, la pub fait par le meme artiste n’aurait pas été contestée … bien entendu 🙂
    Franchement à part quelques chanceux qui connaissent Ramette et son sens de l’improbable, je ne vois pas bien les téléspectateurs de TF1 s’indigner 🙂
    De grace !
    K

  4. Bonjour,
    Nous sommes le 28 avril 2009 et j’arrive sur cette page par hasard. Aussi, bien que cet article ne soit pas « toutàfaitnouveau », il a le mérite de soulever une question d’actualité. Cela ne sert à rien de faire comme si l’auteur de cet article dit n’importe quoi. C’est une partie de la vérité. Mais on peut aller + loin et dire que beaucoup trop de personnes, pas créatives à des postes de créatifs passent du temps à piller les blogs de personnes anonymes et créatives pour soutenir la rentabilité financière d’un artiste. A votre question, posée avec beaucoup de lyrisme, je peux juste dire que l’art sert autant à ce que notre inspiration aille un peu plus loin que le plagia qu’à influencer notre travail.

  5. vu le peu de vécu de certains « artistes » recrutés par les professionnels de l’art jetable en 1ère année des beaux arts ou après 6 mois aux arts décos il est indéniable que la démarche inverse est vraie
    c’est a dire que beaucoup d’entre eux nous « concoctent des resucées de campagnes publicitaires
    et oui culturellement nous évoluons dans un environnement cyclique qui évoque le serpent se mordant la queue
    quant a Philippe Ramette qu’il continue a faire ses petits dessins marrants et qu’il cesse de faire le pitre sur son escabeau

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