La solitude du gardien de musée…

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Ce gardien de musée expérimente la gravité… dans une exposition consacrée à la pesanteur. Tête basse, corps lourd, ennui écrasant, il erre à deux pas d’une « installation aux deux chaises » de Bruce Nauman qui pivote dans les airs. Mais lui n’a pas de siège à sa disposition. Au mur, les lourdes masses peintes de Didier Marcel. Tel un poisson dans son bocal, le gardien ne s’éloigne guère de « l’Aquarium », une œuvre en verre de l’artiste belge Ann Veronica Janssens où flotte une boule de silicone, parfaitement immobile, parfaitement centrée. J’ai pris cette photo du monde tel qu’il tourne au Mac’s du Grand Hornu, un centre d’art contemporain belge, lors de l’expo « Le soigneur de la gravité », appelée ainsi en hommage à Marcel Duchamp. Son « soigneur de gravité » est un petit personnage discret qui oscille entre chute et équilibre. Comme lui !

10 Commentaires

  1. Il faut dynamiter les musées et mettre des parkings pour McDo à la place, yo !
    Faire table rase de tout, je dis bien de tout.
    Non à l’ego.

  2. J’ai toujours trouvé les visages de gardiens de musée empreints de gravité. Le poids des oeuvres qu’ils côtoient les empêchent de prendre Duchamp, c’est navrant …

  3. On peut regretter ces dépenses somptuaires pour créer du vide. Mais quelle en est la finalité?
    Aucune époque de l’histoire humaine, depuis les peintures pariétales, n’a entretenu le culte du néant. Faut-il voir là la volonté destructrice des penchants naturels de l’homme -le beau, le vrai, le juste, …, conduisant à une déstabilisation ayant pour finalité la chute des sociétés occidentales ?
    Alors faudrait-il se poser la question: A qui profite le crime?

  4. Rémillond, ta triade platonicienne (le beau, le vrai, le juste) remonte à l’Antiquité grecque & latine !
    Par hasard, dans les musées, tu voudrais pas revoir du Arno Brecker à la sauce SS sur toutes les cimaises ? Et exit  » l’art dégénéré  » de notre temps, c’est ça ?
    Foutaises.
    Il faut savoir tourner la page et être de son temps.
    Picasso :  » L’art, c’est comme le Chinois, ça s’apprend.  »
    Dont acte.

  5. A Vince Vint@ge
    Je m’arrête un instant sur ton argument : « Picasso ça s’apprend, c’est comme le chinois ». Je ne nie pas que le chinois est une langue qui s’apprend et je n’ignore pas non plus qu’il y a plus de 6000 langues ici-bas…
    Je ne t’apprendrai rien en te disant que le nombre d’artistes aujourd’hui excède largement le nombre de langues qui se pratiquent dans le monde. Alors je te souhaite bien du courage !
    Quant à moi, dois-je apprendre à déchiffrer ce que chacun a voulu exprimer ou dois-je me limiter à deux ou trois d’entre eux ? Mais alors lesquels ? Pourquoi celui-ci plus que celui-là ?
    Lorsque je visite une exposition ou un musée d’ « art contemporain », je n’éprouve rien, j’ai beau lire les longs et insipides textes explicatifs…toujours rien. Je discute avec les « médiateurs culturels » mais rien ne passe. Que faire alors ? Me flageller?
    Non, je crois ne pas devoir me forcer pour apprécier une œuvre d’art. Son rôle est d’attirer de loin et d’émouvoir de près. Emouvoir, c’est bien là le but de l’art. Et cette émotion doit vous transporter, vous élever et non vous détruire. Du moins est-ce ma conception.
    J’ai fréquenté les musées européens et d’Outre-Atlantique et me suis familiarisé avec les œuvres qui y sont présentées. Sans effort à fournir je me suis laissé porter par un goût naturel vers de nombreuses œuvres de styles, d’origines et d’époques très variées vers lesquelles me guidait ma sensibilité. Cette dernière s’est progressivement affinée avec le temps.
    Aujourd’hui encore, mes admirations ne se sont pas émoussées et je les retrouve toujours avec la même émotion. Pas besoin de lire des cartels qui n’en finissent pas, non : le nom de l’auteur, l’époque et éventuellement le titre de l’œuvre, un point c’est tout.
    En conclusion, je ne ressens nullement le besoin d’apprendre le chinois, pas plus que le Bantou ou l’araméen. Le français me suffit et remplira amplement le temps d’une vie.

  6.  » En conclusion, je ne ressens nullement le besoin d’apprendre le chinois, pas plus que le Bantou ou l’araméen.  » (Remillond)
    Eh bien, reste dans ta connerie et dans ton ignorance crasse, ça vaut mieux, et vas te régaler ad libitum avec la Victoire de Samothrace au Louvre et les Impressionnistes à Orsay !! Amen !

  7. L’art contemporain est un ensemble de propositions qui concernent tous les champs du savoir et de la sensibilité. Il est l’un des lieux privilégiés du questionnement. La science n’a pas la liberté que permet l’art.
    Quant au « chinois » de Picasso, je me demande si sa réponse énervée ne doit pas être abandonnée à son contexte. Elle rappelle simplement le besoin d’avoir un peu de culture, une ouverture d’esprit permettant de ne pas rester crispé sur son fond. Attention néanmoins à ne pas gober n’importe quoi.
    lionel

  8. Vous en connaissez beaucoup des emplois ou l’on vous paye pour contempler des œuvres d’art… pour qui sait regarder…
    Ce ne sont pas les plus malheureux, ni les plus heureux d’ailleurs, ils sont sur la voie du milieu… les chanceux!

  9. Voie du milieu…. bof…les gardiens de musée ne peuvent que très rarement contempler les œuvres qu’ils gardent. Je suis de ceux-ci et peux vous dire, que ce métier est dur… Cursus d’histoire de l’art et en thèse, je le fais pour payer le loyer et manger chaque mois. Depuis que je travailles ainsi dans les musées, j’ai appris que l’art peut s’ignorer, hélas. En effet, on s’habitue à l’art, après une période d’absorption légitime et de compréhension essentielle, je m’y suis habitué, triste nouvelle.
    C’est parce que le gardien de musée est habitué aux œuvres, qu’il a le regard grave, il est accablé par les visiteurs qui ne savent pas, qui ne voient pas l’art, accablé par les triste questions insipides des visiteurs croyant que le gardiens n’est qu’un ectoplasme sans consistance et réflexion. En fait, le gardiens est celui qui connais le mieux les œuvres, et les comprends à sa mesure, plus qu’aucun visiteur ne le peut. Il voit l’art et non pas l’œuvre, il voit ce qu’il faut comprendre et non seulement une image en deux dimensions ou une sculpture en trois dimensions, qu’il faut admirer car la pression sociale le dit.
    Une ironie singulière occupe mon esprit lorsque je surveille les visiteurs, qui touchent, abîmes, détériorent l’art tout en exprimant leur rejet de nos remarques sur leur manque de civisme.
    Alors chanceux je ne le penses pas, debout six heures et demi, trente minutes de pause et aucune reconnaissances de ces fantômes qui visitent de temps en temps les musées, par attrait de l’art ou simple curiosité, ou pire encore besoin d’affirmer sa position culturelle. La seule chance offerte aux gardiens est celle de réfléchir, je n’ai jamais croisé autant de personnes engagé dans un même corps de métiers avec autant de réflexion philosophique, artistique, historique que dans les rang des gardiens de musées.
    Souvenez-vous la prochaine fois que la plupart des gardiens de musées sont arrivés là par hasard et on en fait souvent une licence et très souvent un Master ou plus encore.
    On s’habitue à la culture, on s’habitue à l’art mais on ne peut s’habituer à la médiocrité de certains visiteurs. Mais nous restons neutre, je reste neutre face à la vie quotidienne du musée car le lendemain il faut revenir et recommencer comme si de rien n’était.

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