« Untitled » de Basquiat exposé au Seattle Art Museum

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C’est sur son compte Instagram que le collectionneur Yusaku Maezawa l’annonce: le tableau « sans titre » (1982) de Jean-Michel Basquiat, dont le Japonais de 42 ans a fait l’acquisition le 5 mai 2017 – un record mondial, adjugé 94 M€ chez Sotheby’s – est exposé au Seattle Art Museum, du 21 mars au 13 août.

Moins cité que Picasso sur les réseaux sociaux, Basquiat a rivalisé en ce jour historique avec le maître catalan, avec 75 334 mentions sur le Net, soit un pic de + 500%. Quant à Picasso, c’est le 5 septembre 2017 que son nom s’est envolé avec 153 965 mentions. Le site américain d’actualité deadline.com venait d’annoncer le rôle de Pablo Picasso attribué au comédien Antonio Banderas. La série télévisée Genius mettant en scène le génie de « l’écart absolu » sera diffusée à partir du 23 avril en France sur la chaine National Geographic. Ces données ont été révélées lors d’une étude que j’ai menée dans le cadre de l’Observatoire du Web social dans l’art contemporain avec l’outil de social media listening Talkwalker et sa nouvelle fonctionnalité Quick Search qui a analysé 150 millions de sources web sur les douze mois de l’année 2017.

Basquiat Untitled

Jeudi 5 mai 2017, New York. C’est un Basquiat « sans titre » de 1982 qui attise la curiosité. Oliver Barker, président de Sotheby’s Europe, dirige la vente. Le tableau est grand: 1,83 mètre sur 1,73 mètre. Il représente une tête de mort aux traits flamboyants qui se superposent et se dévorent sur fond bleu azur. La vente promet d’atteindre des sommets. Le précédent record pour une œuvre de l’artiste new-yorkais date de mai 2016 chez Christie’s à New York: un tableau « sans titre », également de 1982, avait été adjugé 48 M€. Rapidement, les enchères s’envolent. Une partie de ping-pong s’engage entre un enchérisseur dans la salle et un autre au téléphone qui finit par l’empoter, 94 M€. Le record est salué par des applaudissements. L’acheteur se fait connaître. « Je suis un homme heureux!« , s’exclame-t-il aussitôt sur son compte Instagram. Il s’agit de Yusaku Maezawa, fondateur d’un site e-commerce leader du prêt-à-porter au Japon. Il n’en est pas à sa première acquisition majeure. Il avait déjà signé le premier record en 2016. Cette fois, dans un communiqué, l’homme d’affaires affirme vouloir présenter l’œuvre de Basquiat, ce fils d’émigrés haïtiens dont les premières œuvres ont été prises pour de simples graffitis, dans le futur musée d’art contemporain qu’il prévoit d’installer à Chiba, à l’est du Japon, sa ville natale. « J’accepterai de prêter la toile à des musées en espérant que cela donne autant de joie aux autres qu’à moi-même, que ce chef d’œuvre inspire nos générations futures », écrit celui qui n’avait que 10 ans quand son artiste fétiche est mort d’une overdose en 1988. Promesse tenue.

un record mondial et un pic historique sur les réseaux sociaux

Comment expliquer la flambée de la cote de Basquiat? 100 € investis en 2000 dans une œuvre du peintre new-yorkais valent en 2018 en moyenne 1 611 €, soit + 1 611 % 18 ans plus tard selon ArtPrice.À son talent, bien sûr, mais aussi à des rencontres décisives quand il croise en particulier la route d’Andy Warhol à 25 ans. Ses personnages, mendiants ou squelettes, jaillissent des murs, bousculant les amateurs de lignes droites. Son trait rageur, brut, faussement enfantin, fait grincer les dents. Voyant finalement en lui son « égal », Warhol aide Basquiat à se hisser sur le devant de la scène jusqu’à faire en 1985 la couverture du New York Times Magazine consacré au marketing des artistes. Deux marchands, les Français Yvon Lambert et Enrico Navarra, sont parmi les premiers à faire circuler ses œuvres avant qu’un galeriste suisse, Bruno Bischofberger, obtienne l’exclusivité en 1982. Mais la mort prématurée de l’artiste va soudain changer la donne. Sa courte carrière se métamorphose en itinéraire foudroyé, Jean-Michel Basquiat devenant, dans l’imaginaire collectif, une extraordinaire étoile filante. Prolixe, il a peint plus de 800 tableaux et 1500 dessins, produit des objets et estampes dont la cote grimpe aussitôt. En 2004, un nouveau pallier est franchi lorsque l’Américain Larry Gagosian, considéré comme le marchant d’art le plus influent au monde, l’inclut parmi les artistes de sa galerie. Dès lors, aucune toile vendue aux enchères ne descend plus en dessous des 8 M€. 2010, l’année du cinquantième anniversaire de la naissance de l’artiste, voit se concrétiser une rétrospective en Europe. Depuis, le nom de Basquiat se hisse sur le Net au rang des 50 artistes les plus commentés dans le monde.

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