Quand Erwin Olaf détourne les maîtres anciens

4
4381

02-emmaus.jpg

Plongés dans le Siècle d’Or, les modèles d’Erwin Olaf ont l’élégance des Ménines de la cour d’Espagne… Vélasquez, El Greco ou Zurbarán ont inspiré au photographe néerlandais une nouvelle série qui vient d’être exposée  par la galerie Magda Danysz, à Paris. Ces clichés se veulent un hommage appuyé  aux grands maîtres espagnols du XVI et XVIIe siècles, dont Erwin Olaf reproduit l’effet de la finesse du trait et la richesse des détails dans des scènes réalistes et intimes. Le tombé d’un tissu, le clair-obscur d’un décor, la force d’un poignet, la délicatesse d’un visage… Tout rappelle l’art des Maîtres… à quelques détails près. Erwin Olaf a disséminé dans ses images des petits clins d’oeil à notre époque contemporaine, comme pour mieux souligner la modernité de ces chefs d’oeuvre.

Marie-Anne d’Autriche se trouve ainsi affublée d’écouteurs iPod, le Bouffon de Velasquez porte des baskets Adidas… Quant au mur du « Souper d’Emmaüs, » du Caravage, il est décoré d’une mosaïque de Juan Miró ! Un hommage ironique au peintre Caravage, connu pour son esprit provocateur jusqu’aux moindres détails. Comme lui, Erwin Olaf, 50 ans, choisit ses modèles parmi les « vrais gens », les nains, les vieillards, les handicapés… Cet ancien photographe de mode n’a pas fini de détourner les codes établis. (Photos © Erwin Olaf – Courtesy galerie Magda Danysz)

duo-erwin-olaf.jpg

4 Commentaires

  1. Belles en effet les photos, presque trop et comme « léchées », mais j’aimerais qu’on m’expllique pourquoi Erwin Olaf est retenu et pas Guillaume Bresson, qui pose sur les grands classiques un autre regard que celui du « détournement », mot magique qui justifie tous les emballements, mais tout aussi intéressant et novateur me semble-t-il car il y intègre pleinement les éléments de la quotidienneté contemporaine.

  2. Erwin Olaf et la reconstitution de peintures classiques en photographies, mixant tradition et modernité, ça marche mais c’est beaucoup vu, tant en art que dans la publicité (les pubards étant des pilleurs de première !!!).
    On a vu ça au cinéma chez Greenaway (« Meurtres dans un jardin anglais », « Le Ventre de l’architecte », « Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant »…) ou chez Godard (« Prénom Carmen », « Passion », « Je vous salue Marie »…). Dur d’innover en partant de l’ancien sans éviter la redite et le « comique de répétition ».

  3. Dans la même mouvance,on peut apprécier les Portraits Flamands de la normande Eléonore Saintagnan,vidéos,mais en fait vraies « photographies prolongées » et qui disent « après tout, on a bien le droit d’apprécier la peinture de l’âge d’or espagnol et les maîtres flamands et de leur rendre hommage » Olaf comme Saintagnan ont réussi leur pari.

Les commentaires sont fermés.