Christian Boltanski vend son œuvre ultime en viager

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1906551949.jpgCompte à rebours pour Boltanski ! A partir du 1er janvier, et ce jusqu’à sa mort, Christian Boltanski, 65 ans, sera filmé nuit et jour dans son atelier de Malakoff. Les images seront retransmises en direct dans une caverne de Tasmanie, une île lointaine d’Australie. L’acheteur, David Walsh, un collectionneur tasmanien passionné par les œuvres macabres, ne pourra rien faire de ces images avant la disparition de l’artiste. Selon l’AFP, l’homme avait proposé à l’artiste à sa mort d’acheter ses cendres, il a finalement obtenu de Boltanski « un morceau de mémoire », son œuvre ultime, que l’on espère la plus longue possible…
Christian Boltanski n’est pas le premier à avoir vendu de son vivant sa dernière œuvre. En effet, Roman Opalka, 78 ans, a déjà vendu sa dernière toile qu’elle soit achevée ou non – par conséquent une toile de 196 x 135 reproduisant une suite de nombres sur un fond 1% plus blanc à chaque toile.

g_Monumenta10Boltanski01.jpg2010, sera l’année Boltanski !

L’actualité Boltanski est décidément très riche ! Du 13 janvier au 21 février, le plasticien présente dans le cadre de Monumenta 2010 « Personnes », un théâtre de la commémoration à la fois visuel et sonore, sous la grande nef du Grand Palais. Une grue viendra régulièrement puiser dans un immense tas de vêtements. Une œuvre éphémère dans la continuité de son travail sur la mémoire. A cette occasion, Boltanski invite chaque visiteur à enregistrer les pulsations de son propre cœur dans une cabine prévue à cet effet. Ces enregistrements s’ajouteront à la collection permanente des « Archives du cœur » réunie par l’artiste. A partir de 2010, ces pièces seront conservées à l’abri du temps sur l’île japonaise de Teshima, dans la mer intérieure de Seto, grâce à l’intervention d’un autre mécène. (Photo : Christian Boltanski 2005 – « Le Cœur »)

« Le problème n’est pas de créer une oeuvre d’art mais de savoir comment elle fonctionne. Ce n’est pas de faire des oeuvres belles, mais des oeuvres qui, dans un certain moment, font comprendre des choses aux gens », avait expliqué Christian Boltanski au sujet de l’une de ses œuvres  « Monument Odessa » (1989). Cette installation mettant en scène le visage de 17 gamins souriants, portraits d’enfants juifs déportés collés sur des boites de biscuits rouillées et reliées entre elles par une guirlande lumineuse, figure parmi les oeuvres emblématiques : elle figure d’ailleurs -avec l’accord de l’artiste- dans ma collection du Musée du Sourire depuis 1996.

Du 15 janvier au 28 mars : au MAC/VAL, Vitry-sur-Seine, à découvrir une installation magistrale imaginée comme un film à grand spectacle qui incite à faire l’expérience d’un monde imaginaire.

Boltanski-Volume.jpgA NE PAS MANQUER : le 18 janvier, à 22h30, sur Arte, « Les vies possibles de Christian Boltanski » (en DVD le 6 février), un film de Heinz Peter Schwerfel.

7 Commentaires

  1. Etrange démarche de l’artiste mais aussi de l’amateur d’art.
    Il y a actuellement une superbe exposition au Musée d’Art Moderne intitulée Deadline. Y sont exposés plusieurs artistes décédés qui ont exprimés jusqu’au dernier moment l’angoisse, la perte d’autonomie, la souffrance dans un regard sur eux mêmes et sur le monde.
    Chaque oeuvre d’une mort annoncée semble résumer la mission de toute une vie, une sorte de testament.

  2. Il y aura également une exposition de C. Boltanski au MAC/VAL (Musée d’Art Contemporain de Vitry-sur-Seine) qui s’intitule « Après » du 15 Janvier au 28 Mars 2010. Il s’agira d’une installation de l’artiste incluant ses derniers travaux, les archives du coeur seront également présentées. Il y aura des navettes (gratuites) qui partiront du Grand Palais vers le MAC/VAL tous les Dimanches.

  3. LE MARCHE DE LA MORT
    Eh bien, Boltanski est partout !
    La mort, pour lui-même, en ce qui le concerne, personnellement, c’est pas pour maintenant bondiou !!

  4. Boltanski grand homme. Ses œuvres nous faire réfléchir sur beaucoup de choses. J’aimerais bien voir sa dernière œuvre, mais je pense qu’il n’est pas réaliste.

  5. Christian Boltanski représentera la France lors de la 54e Biennale internationale d’art contemporain de Venise en 2011

  6. J’ai découvert Boltanski il y 20 ans, tout a fait par hasard, dans une galerie à Tokyo. Je ne savais rien de lui mais j’ai tout de suite été frappé par l’étrange beauté de ses oeuvres: C’est un vrai grand artiste.

  7. La mort, la Shoah un fond de commerce qui s’use à l’ennui. Cette fois-ci elle s’étale dans un vacarme général, se répète dans un bégaiement décoratif dupliqué par des petites mains disciplinées. Heureusement le Grand Palais est là pour contenir le vide et le théâtraliser, offrant ses axes et ses trames pour ne pas faire d’erreur de composition.
    Le clou est une montagne de vêtements, une montagne creuse ! (ce n’est pas une blague, c’est dans la vidéo). Celle-ci est surplombée d’un dispositif à la Gaston Lagaffe, un système tremblotant servant de support à une pince carmin toute neuve sortant directement d’un catalogue de Batimat. Pince qui retombe inlassablement au même endroit. La technique n’est pas au rendez-vous, où sont la force, la violence et le hasard ? Les photos cadrées font de belles images pour les médias, mais n’ont rien à voir avec l’installation, il y a tromperie et surtout recherche d’esthétisme… un comble pour un tel sujet.
    Avoir la chance d’utiliser un tel lieu pour une création donne le devoir de ne pas se tromper et surtout de se dépasser. Là, je suis déçu, Monsieur Boltanski, à 65 ans on peut encore risquer, créer, vivre !

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