« Les baisers » : un livre à caresser du regard de Serge Bramly

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Extravagants, violents, drôles, ils ont la saveur des délices, épicés, à pleine bouche ou simplement amorcés, sur le point de se donner… 150 chefs d’œuvre montrant des baisers ont été réunis dans un livre par Serge Bramly, historien de l’art. L’idée d’un tel ouvrage ne pouvait venir que d’un esthète, Jean Coulon, collectionneur d’art et producteur de cinéma. Au pinceau, au trait, au burin, ce sont des baisers haut-en-couleur à découvrir dans ce beau-livre de 256 pages édité aux Editions Flammarion à l’occasion de la saint-Valentin.

Photo : en couverture du livre, Le baiser de Man Ray

« L’audace de ces baisers est exceptionnelle. Ce qui m’a frappé, explique Serge Bramly, c’est l’élan et l’ingéniosité portés par le caractère transgressif du sujet. » Loin d’évoquer les scènes grivoises et souvent mièvres du XIXe siècle, le baiser traverse l’histoire de l’art et livre ici de véritables pépites.

En guise de préliminaires, le baiser mythologique, avec Psyché, l’âme humaine, embrassant Eros, l’amour divin. De l’Antiquité grecque à Jean-Antoine Watteau au XVIIIe siècle, jusqu’à la représentation de la représentation du baiser parfaitement illustré par Andy Warhol ou Roy Lichtenstein.

Le baiser le plus scandaleux est une affiche de Toulouse-Lautrec, une gravure intitulée « Reine de joie » de 1892 où l’on voit une cocotte embrasser à table un banquier peu ragoutant. Placardé à des centaines d’exemplaires dans Paris, ce baiser vénal n’aurait soit disant pas du sortir des « maisons closes ». Autre baiser subversif, resté à usage privé, La Léda de Véronèse montrant la jeune femme serrant contre elle un cygne, évocation de la zoophilie.

Le baiser le plus cocasse : celui du Japonais Hokusaï, Le rêve de la femme du pêcheur (1814). La célèbre estampe érotique montre une femme enlacée par les tentacules de deux pieuvres. Une image amusante qui évoque une mythologie connue au Japon et considérée comme obscène en Occident.

Symbole de la passion amoureuse ou de l’amour maternel, il s’agit avant tout d’une approche critique et culturelle du sujet. C’est le baiser de l’union parfaitement évoqué par le Baiser tout en bloc de Brancusi (1908). Certes, un détail en art bien plus savoureux que le drapé !

Pablo Picasso, Figures au bord de la mer (1931)

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