Les petites et grosses bêtes de Constance Guisset invitées du musée des Arts déco

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Elue Designer 2010 au salon « Now ! Design à vivre », Constance Guisset, 33 ans, est une illusionniste. Sous ses doigts, les objets de tous les jours semblent s’animer d’une vie secrète, posés en équilibre entre le rêve et la réalité, sortis de l’imaginaire pour remplir leur fonction quotidienne. Toute son œuvre est traversée par la surprise, de l’aquarium-cage à oiseaux au lustre-cabane en passant par le fauteuil à la robe flottante. A Paris, en juin, cette créatrice diplômée de l’ESSEC et de l’ENSCI signe à l’occasion des Designer’s Days les vitrines du Lafayette Maison et prépare la scénographie de l’exposition « Petites et grosses bêtes » au musée des arts décoratifs. Rencontre.

Le design au bout du chemin

Il y a du Calder dans cette jeune femme brune et posée, dont l’amour pour le mouvement transcende le temps. « A l’âge de 10-11 ans, je confectionnais des petites machines, je bricolais, c’était mon jeu préféré », confie-t-elle, sourire franc et œil rieur derrière ses lunettes à montures rouges. Ses créations, tels des mobiles joyeux et moqueurs, flottent dans l’espace à l’instar de cette parure de couverts appelée « Funambule » dont les éléments s’assemblent en équilibre pour former un stabile. « J’ai envie que mes objets dansent », explique la jeune designeuse issue d’une famille de sept enfants dont le moteur, depuis toujours, est l’enthousiasme. Sereine, elle trace un chemin bien particulier, au rythme des rencontres et des coups de cœur qui l’ont conduites à trouver sa voie. Car rien ne prédestinait cette saine sportive à la tête bien faite, championne de handball et diplômée de l’ESSEC, à jongler avec les formes et à brouiller nos repères en détournant le réel. La rencontre décisive aura lieu en 2003, après une spécialisation en management culturel à Sciences Po et une première expérience d’administratrice à la galerie Nelson à Paris : les designers français Erwan et Renan Bouroullec l’enrôlent, percevant en elle les éclats de sa fantaisie à venir. Gestion des contrats en charge de tous les rouages admiistratifs… elle lâche ses dernières amarres avec le monde des enfants sages et appliqués pour accepter de se laisser guider par son imagination. « Ils m’ont fait confiance », déclare t-elle avec la candeur de ceux à qui rien ne résiste et pour qui l’avenir est une pomme dans laquelle ils vont croquer à pleines dents. Son diplôme de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) en poche –encore un, le dernier !- elle décide de voler de ses propres ailes en 2007.

Harmonie et poésie de l’espace

Confrontations, faces à faces, dialogues des formes… Constance Guisset favorise les rencontres visuelles pour surprendre et déplacer les lignes. Une cage surmontée d’un aquarium, et voilà qu’un poisson se prend à dialoguer avec un oiseau, partageant ce même « Duplex » inattendu. L’aquarium créé un espace au sein duquel l’oiseau peut se déplacer et voler à la même hauteur que le poisson. Entre sculpture et installation, l’œuvre dessine un univers poétique autour de la fusion impossible entre deux mondes, aérien et aquatique. Un univers de reflets et de mise en abyme : nous regardons, fascinés, l’oiseau qui regarde, fasciné, le poisson qui regarde, fasciné, etc… L’œuvre « Duplex » a été acquis en 2009 par le Fonds national d’art contemporain. Le vertige nous guette aussi avec sa dernière création, « Vertigo », une suspension de 2 m², un nuage de lumière, intime et aérien, flottant dans l’espace. Légère (elle pèse moins de 500g), elle est sensible au moindre courant d’air et l’on se plait à venir se réfugier sous son ample robe comme on le faisait, enfant, dans une cabane un jour de pluie.. . « Je n’ai pas envie de vivre dans un univers super normal, qui serait rempli d’objets conçus uniquement comme des outils », explique sans complexe la designeuse équilibriste qui se sent « issue de la génération post post starckienne ». De la poésie avant toute chose, de la finesse… et du silence. Car Constance sait nous apaiser, nous contraindre à la méditation avec « Fiat Lux » cette sphère-interrupteur en lévitation sous sa lampe. « Je veux sortir des objets trop bavards, trop fonctionnels, trop rigoureux ». Visionnaire, elle a été choisie par Philippe Starck lui-même en janvier pour illustrer les besoins en design de demain au salon « Now ! Design à vivre » au salon Maison et Objet. Car on ne s’y trompe pas : Constance Guisset fait partie des 10 figures montantes du design en France. Au même titre que Mathieu Lehanneur, concepteur du Bel Air, le fameux filtre à air écologique, ou encore les 5.5 designers pour leur regard décalé.

L’excellence du papier

D’un long séjour au Japon, elle a rapporté l’art de jouer avec les matières fluides, en particulier le papier. Sous ses doigts, des lianes se tissent ; Elle plie, superpose, découpe, colle, gomme, dans des harmonies de blanc. « J’aime le papier pour son opalescence, son caractère éphémère. » Elle a signé les décors de « Funambule », une pièce d’Angelin Preljocaj au théâtre des Abesses à Paris, savoure les œuvres abstraites du Britannique d’origine indienne Anish Kapoor pour ses jeux d’optique et la profondeur de ses aplats de couleur et prépare avec bonheur la scénographie de l’exposition « Petites et grosses bêtes » à la galerie des Jouets au musée des arts décoratifs en juin prochain. « Ma liberté vient de la mise à distance et de la théâtralité. Le papier souligne l’humilité du scénographe qui doit s’effacer derrière l’objet qu’il présente », déclare t-elle. 2010 est l’année des 10 ans des Designer’s Days. A cette occasion, Constance Guisset réalise la scénographie de l’une des dix vitrines du Lafayette Maison autour d’une sélection d’objets ayant marqués la décennie, « Dis-moi, dix vitrines ». Grand Prix du design de la Ville de Paris, Prix du public Villa Noailles, Prix Emile Hermès… Celle qui vient tout juste de devenir maman cite volontiers Robert Filliou  : « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ». On la croit volontiers.

1 COMMENTAIRE

  1. Avec tout ce qui semble se développer au long de ce sujet particulier, un pourcentage significatif des perspectives arrive d’être très rafraîchissant. Néanmoins, je suis désolé, mais je ne peux pas souscrire à votre stratégie dans son ensemble, tout est-il qu’aucun excitant le moins. Il nous semble que vos remarques ne sont pas complètement justifiée et en réalité vous êtes généralement vous pas vraiment totalement confiants du point. En tout cas, j’ai pris plaisir à le lire.

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